Histoires de quartier… La rue Neuve-Saint-Pierre et l’ancien passage Saint-Pierre. 8 – L’école communale, d’un siècle à l’autre (3e partie)

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Le jeudi 24 janvier 1924, par une froide journée qu’adoucissait un ciel bleu légèrement nuageux[1], tout un aréopage de personnages officiels entourés d’élèves et d’habitants du quartier étaient rassemblés en début d’après-midi[2] rue Neuve-Saint-Pierre à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle école primaire de garçons. Sa façade de briques ornée de motifs floraux en céramique éclairait les quelques restes épars des maisons qui dix ans auparavant avaient bordé le passage Saint-Pierre.

La cérémonie était présidée par Georges Lalou, président du Conseil municipal de Paris, en présence d’Hippolyte Julliard, Préfet de la Seine, de Léon Riotor, Vice-président du Conseil général et de nombreuses autres personnalités du IVe arrondissement, de représentants du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-arts ainsi que des établissements scolaires du secteur. Le grand rabbin Raphaël Lévy était le seul dignitaire religieux présent. Commissaires de police de l’arrondissement et officiers commandants de la Garde républicaine voisine partageaient aussi l’estrade à côté…  de l’Inspecteur général des Poudres et Salpêtres.

Ce jour d’inauguration était l’aboutissement d‘une longue histoire commencée presque vingt ans plus tôt. Mais au-delà de la simple reconstruction de l’école, cette renaissance mettait un terme définitif à l’histoire du passage Saint-Pierre.

Un long combat

Dès la fin du XIXe siècle, les problèmes d’insalubrité que connaissait le passage avaient contribué à la dégradation de l’école construite en 1844. Les quelques travaux d’importance entrepris quand l’école primaire avait pu occuper le rez-de-chaussée, libéré par le départ de l’école maternelle en 1883, n’avaient pas permis de maintenir la viabilité du bâtiment qui de plus était mitoyen d’un lavoir en pleine extension d’où émanait une humidité constante.

En novembre 1905, Henri Galli, conseiller du quartier de l’Arsenal, exigea devant le Conseil municipal plus que de simples travaux de réparation pour l’école du passage Saint-Pierre ainsi que pour l’école maternelle de l’impasse Guémenée, installées toutes deux « dans des conditions d’hygiène défectueuses […] dans des locaux insuffisants, mal aérés, mal éclairés, ou voisins d’établissements insalubres, de véritables foyers d’infection ». Il demanda l’envoi à la 4e commission du Conseil municipal chargée des affaires scolaires d’une proposition invitant l’administration « à entreprendre les travaux nécessaires à la réinstallation et à l’agrandissement de ces écoles, ou, s’il y a lieu, à les établir dans d’autres immeubles dans le plus bref délai »[3]. Cette année-là, l’école avait même dû être fermée « à la suite d’une épidémie grave » et elle ne disposait toujours pas du tout à l’égout[4].

Henri Galli renouvelait ses alertes en avril 1906 et invitait de nouveau l’administration à faire du « projet de translation de l’école du passage Saint-Pierre un parmi les travaux scolaires les plus urgents à exécuter »[5]. Pourtant, quand quelques mois plus tard, en juillet, fut annoncé un programme de travaux de construction et de reconstruction d’écoles qu’autorisait un emprunt de 12 millions souscrit par la Ville, l’école du passage Saint-Pierre n’était pas dans la liste des établissements bénéficiaires, malgré les protestations du conseiller contre « une telle exclusion »[6] .

La persévérance d’Henri Galli allait finir par être récompensée. Avec l’appui du directeur de l’Enseignement de la Ville de Paris qui reconnaissait « l’urgence de l’opération », il obtint à la fin 1906 que le Conseil invitât le Préfet de la Seine « à faire procéder aux études nécessaires en vue de la reconstruction ou de la translation, dans les plus brefs délais, de l’école de garçons du passage Saint-Pierre »[7]. Un nouvel emprunt scolaire de 77,3 millions de francs, en multipliant les moyens dont pouvait disposer la Ville, permit que cette translation, ainsi que celle de la maternelle de l’impasse Guéménée fussent comprises dans le « plan de campagne des constructions scolaires ». Un million de francs étaient consacrés à ce projet[8].

Une fois la décision prise, il allait se passer de longues années avant que les premiers élèves ne puissent passer la porte de la nouvelle école. Partie intégrante du programme tant attendu de percement de nouvelles rues en lieu et place du vieux passage, la reconstruction de l’école s’inscrivait elle-aussi dans le temps long des procédures administratives propres aux opérations de travaux publics. Il fallait aussi compter avec les délais demandés par les opérations d’expropriation.

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Emplacement de la nouvelle école, à côté de l’ancienne. Elle occupe la cour de gauche et la parcelle où se situait le lavoir Saint-Paul. En bleu, le tracé des rues actuelles. (fond de plan : Archives de Paris, plan parcellaire 1860)

La superficie de la cour de récréation placée à gauche de l’ancienne école, qui restait en activité le temps des travaux, ne pouvait suffire pour accueillir l’étendue du nouveau bâtiment. Le lavoir Saint-Paul qui lui était mitoyen, et dont l’activité et les nuisances qu’elle engendrait ne pouvaient pas se concilier avec la volonté enfin affirmée de mettre fin à l’insalubrité du passage, se voyait dès lors condamné. Son expropriation ne fut pas immédiate puisque son propriétaire, M. Maillot, ne ferma son entreprise que le 15 avril 1910[9]. Pour dégager le futur emplacement de l’école, la Ville avait également acheté en juillet 1909[10] l’immeuble du n° 5-7 ainsi que celui du n° 6 , sous lequel passait « la voûte si pittoresque qui conduisait jadis »[11] au cimetière Saint-Paul et qui formait l’angle entre les deux parties du passage. Mais trois ans étaient déjà passés depuis qu’avait été décidée la reconstruction de l’école en mars 1907, et Henri Galli s’impatientait. La démolition de ces vieux immeubles n’avait toujours pas commencé et leur état d’abandon aggravait un peu plus l’insalubrité. Pire, ils représentaient un danger quotidien puisqu’une cheminée délabrée était même tombée dans la cour de l’école, fort heureusement vide, les enfants étant alors en classe. Les travaux de démolition du lavoir et des maisons des n° 5-7 et 6 commencèrent finalement à la fin de 1910 pour s’achever en 1911[12].

Le début de la construction

De longs mois passèrent encore avant que le Conseil municipal n’adoptât fin décembre 1912 les plans et devis des travaux de reconstruction et d’agrandissement de l’école. La somme de 353 000 francs était consacrée à ce chantier, le coût réel après rabais et effets de mise à concurrence lors des adjudications devant « vraisemblablement » être ramené à 322 000 francs[13]. Les plans de la nouvelle école furent l’œuvre de Fernand Dupuis, architecte divisionnaire de la Ville de Paris qui y apporta « le fruit de son expérience et la compétence des établissements scolaires acquise à son service municipal ». Les spécialistes notèrent qu’en raison des règlements administratifs « toujours codifiés avec précision », « les programmes de ces constructions ne [variaient] guère généralement » et ne laissaient que « peu de place à l’initiative de l’architecte ; seule la recherche des élévations [pouvait] lui permettre d’affirmer sa personnalité »[14].

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Plan du rez-de-chaussée de l’école (L’Architecture, 1924, vol. 37, n° 10, Bibliothèque de la Cité de l’Architecture)

 

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Plan des autres niveaux.

Haut de trois étages sur rez-de-chaussée et un sous-sol, le projet de Fernand Dupuis a doté l’école d’une façade qui « présente dans une juste valeur une opposition de pierre et de brique, que vient rehausser une frise émaillée polychrome du plus heureux effet ». Les couloirs sont disposés au nord, côté rue, pour que les classes soient à l’abri du « bruit du dehors » et, orientées au sud, bénéficient d’une grande luminosité. On compte huit classes : trois installées au premier étage, quatre au second et deux au troisième, niveau qui comprend aussi la salle de dessin, l’appartement du directeur, les bureaux administratifs et le cabinet médical. Au rez-de-chaussée, on trouve le logement du concierge, un parloir et un grand préau couvert. Deux portes dont une de secours s’ouvrent sur la rue. Occupant une partie de la cour, une « petite cantine » permet de réchauffer les repas, et côtoie un atelier de travail manuel et de préapprentissage. Implanté en fond de cour, un alignement de WC est masqué par « des garnitures de plantes ou d’arbustes toujours verts » qui remplacent avantageusement l’habituel mur qui a l’inconvénient d’« emprisonner l’air du couloir », en offrant en plus une vue agréable. Côté équipements techniques, deux chaudières assurent le chauffage du bâtiment. Surtout, l’école dispose dans son sous-sol de 14 cabines de douche qui ont fait l’objet de soins particuliers avec cloisons en simili-marbre. Le jour de l’inauguration, le Président du Conseil municipal, Georges Lalou s’en félicita car ainsi les « hygiénistes se réjouiront de voir leurs préceptes finalement suivis » et ils « applaudiront d’un centre de bains-douches qui naguère encore eût semblé même dans un hôpital un luxe quelque peu inquiétant »[15].

L’interruption de la Grande Guerre

Il fallut encore attendre le mois de juillet 1913 pour que la Préfecture fasse procéder à l’adjudication au rabais des travaux en quatre lots[16], et ceux-ci commencèrent alors rapidement. Mais peu après, la mobilisation générale le 1er août 1914 et le début de la Première Guerre mondiale le 3 août suivant stoppèrent net et pour près de dix ans les travaux. Le départ des ouvriers et des maçons pour le front et l’affectation de toutes les ressources à la défense nationale entraînèrent la suspension, passage Saint-Pierre comme ailleurs, de tous les chantiers civils alors en cours. Au moment de l’arrêt des travaux, les murs s’élevaient jusqu’au premier étage, et sans couverture, ils restèrent « exposés […] aux intempéries » pendant toute la durée de la guerre et au-delà, et finiront par se dégrader[17].

Les garçons du quartier continuèrent de fréquenter la vieille école accolée au nouveau bâtiment inachevé, comme tout ce qui fut le passage Saint-Pierre où à la place des vieilles maisons abattues, rien n’avait encore été reconstruit. Des instituteurs de l’école partirent à la guerre et certains ne revinrent pas, comme Raoul Gapin, célibataire, caporal-fourrier au 410e régiment d’infanterie porté disparu à Ville-sur-Tourbe le 26 septembre 1915[18].

La difficile reprise du chantier

Après la fin de la guerre en novembre 1918, les difficultés financières engendrées par le conflit, les déficits budgétaires ainsi que l’inflation retardèrent la reprise des chantiers interrompus en 1914. La municipalité parisienne ne disposant que de crédits limités à consacrer aux constructions scolaires décida le 11 juillet 1919 de les réserver aux écoles dont les travaux étaient « presque achevés », et pour celles dont les travaux étaient « commencés et avancés et peu avancés », de les laisser suspendus dans l’attente de nouveaux crédits. Le directeur administratif des services de l’enseignement dut donc annoncer qu’il avait été dans l’obligation « d’ajourner la construction d’un groupe scolaire rue [sic] Saint-Pierre »[19].

La réaction énergique d’Eugène Florent-Matter, nouveau conseiller municipal du quartier de l’Arsenal, permit de faire repasser la construction de l’école du passage Saint-Pierre parmi les premières urgences. En juillet 1921, dans le cadre offert par la loi du 16 juin 1921 autorisant la Ville de Paris à contracter un emprunt de 1 800 millions de francs , elle fut inscrite à hauteur de 300 000 francs[20] , puis à 609 000 francs dans la deuxième tranche levée l’année suivante[21].

Les travaux purent ainsi reprendre en 1922[22]. Sur le chantier abandonné presque dix ans plus tôt, des matériaux détériorés durent être remplacés, « certains murs furent dérasés, on reconstruisit aussi entièrement le plancher haut du premier étage ». La reprise tardive de la construction s’inscrivit même dans la façade puisqu’on pouvait y voir entre le deuxième et troisième étages « la trace délimitant les deux périodes d’exécution » [23].

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Détail de la façade, avec ses décorations florales en céramique, produites par la fabrique Gentil & Bourdet.

Un changement d’importance affecta le plan originel de l’école. Dans le projet initial, l’étroite cour de récréation placée à l’arrière du bâtiment ne dépassait pas sa longueur, et sa superficie, occupée en partie par l’atelier et le petit bâtiment de la cantine, offrait « moins d’un mètre carré par élève », en contradiction avec les règlements qui exigeaient pour les cours au moins cinq mètres carrés par enfant. Le terrain où se dressait encore l’ancienne école pouvait servir d’extension à la cour de récréation une fois la vieille construction abattue, mais l’administration, sans doute pour compenser le coût de construction du nouveau bâtiment, semble avoir souhaité vendre et faire bâtir la parcelle. Ses consignes à l’architecte Dupuis était de « traiter en mitoyenneté le mur séparatif », preuve qu’une construction nouvelle devait remplacer le bâtiment de l’ancienne école. Grâce aux « pressantes instances » de Florent-Matter, le terrain de l’ancienne école pu finalement être concédé à l’école pour l’agrandissement de sa cour, et on suggérait de masquer le grand pignon appelé à rester visible par « des treillages avec plantes grimpantes ».[24]

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Plan de l’école et de sa cour agrandie (L’Architecture, 1924, vol. 37, n° 10)

Les élèves ne purent attendre dans leur ancienne école la fin des travaux de construction du nouveau bâtiment. Le temps passant, elle « tombait peu à peu en ruine »[25], et un peu avant 1922, elle « était dans un tel état de délabrement et de vétusté » que la chute du plafond d’une des classes avait nécessité son « évacuation urgente ». Les élèves et leurs maîtres trouvèrent provisoirement refuge dans une école de filles désaffectée de la place des Vosges. Au Conseil municipal, Florent-Matter poussait à la démolition rapide du vieux bâtiment abandonné pour que sa transformation rapide en cour de récréation coïncide avec la fin des travaux de construction ; peut-être craignait-il aussi que l’administration ne décide finalement d’utiliser le terrain pour d’autres usages[26].

Dans les projets du conseiller municipal, l’augmentation sensible de la superficie de la cour pouvait permettre l’aménagement d’équipements, avec en particulier l’installation d’un stand de tir. La guerre était passée mais les sociétés de tir conservaient encore leur influence dans le milieu scolaire. « Précédé d’une entrée et d’une chambre pour l’instructeur et deux tireurs », le stand mesurait treize mètres avec des écrans de protection « genre pare-balles, prudemment calculés » [27]. Florent-Matter préconisait aussi l’installation d’un « lieu spécial pour les exercices physiques et de préparation militaire, gymnastique, escrime, etc… ». Plus pacifiquement, il proposait aussi de dresser dans le préau couvert « une scène fixe destinée à l’organisation des fêtes et des séances cinématographiques scolaires » [28].

Sous la surveillance attentive du conseiller municipal, les travaux de construction de la nouvelle école avancèrent rapidement malgré des retards causés par des modifications dans les installations électriques et de gaz. Rassurante, l’administration s’engagea à « procéder aux derniers travaux d’aménagement et à l’ameublement des classes avant la rentrée d’octobre » 1923[29].

Le 24 janvier 1924, jour de l’inauguration officielle de l’école de garçons de l’ancien passage Saint-Pierre, devenue rue Neuve Saint-Pierre, le Président du Conseil municipal, le Préfet de la Seine et le conseiller Florent-Matter se félicitèrent dans leurs discours que la longue histoire de sa reconstruction ait pu enfin trouver un terme grâce aux efforts de chacun. La guerre qui avait interrompu les travaux était encore dans tous les esprits, et une plaque de marbre sur un mur du préau rappelait le nom des anciens élèves et des maîtres de l’école morts au combat. Les noms de ces derniers, dont les portraits étaient accrochés aux murs, avaient été choisis pour baptiser chacune des classes de l’école. « Sept classes seulement sur les huit » furent ouvertes à cette première rentrée 1923, les « enfants du quartier ne suffis[ant] pas à garnir les bancs », et dans son discours aux élans patriotiques, le Préfet appelait les maîtres à placer dans leur enseignement moral l’accomplissement du devoir au-dessus des satisfactions égoïstes pour « réparer les pertes immenses » de la guerre, et prônant pudiquement des idées natalistes, il les conviait à « montrer plus que jamais dans les joies de la famille, le secret du bonheur le plus doux, le plus sûr, le plus sacré »[30].

Les enfants, qui au cours de la cérémonie entonnèrent La Marseillaise, écoutèrent peut-être d’une oreille distraite les discours dans l’attente du goûter qui leur fut servi par la suite, pendant que de leur côté les personnalités entamaient la visite du nouveau bâtiment scolaire.

Ebauches modernes

L’histoire de l’école de la rue Neuve-Saint-Pierre depuis son inauguration reste encore à écrire, et nous nous bornerons ici à évoquer certains évènements à partir d’informations glanées notamment dans les comptes-rendus des débats du Conseil municipal.

C’est là qu’en 1926, Florent-Matter vint s’étonner qu’un an et demi après l’ouverture de l’école, les bains-douches qui faisaient la fierté du nouvel établissement n’avaient fonctionné « qu’une seule fois… le jour de l’inauguration », et il rapportait les plaintes des parents d’élèves mal logés dans des habitats parfois insalubres et sans confort : « c’est pour la gloire […] qu’on a installé des bains-douches modèles […] que l’on a dépensé beaucoup d’argent pour cette installation qui ne sert à rien ? » disaient-ils. Selon l’administration, des malfaçons commises par les entrepreneurs étaient à l’origine de ce dysfonctionnement[31]. L’année 1930 vit les premières modernisations avec le remplacement des chaudières à charbon par d’autres fonctionnant au mazout[32].

En 1936, les inquiétudes du préfet Juillard de 1924 n’avaient plus lieu d’être. Avec 356 élèves inscrits, les sept classes ouvertes comptaient en moyenne plus de 50 enfants, et le conseiller municipal Fernand Brunerye s’en étonnait alors que les locaux permettaient d’ouvrir huit classes. En fin d’année, l’ouverture de la huitième classe était enfin autorisée[33].

De l’histoire de l’école de la rue Neuve-Saint-Pierre durant la Seconde guerre mondiale, évoquons ici le souvenir des enfants juifs déportés et assassinés par les nazis. La plaque contre l’oubli apposée en 2002 sur sa façade les rappelle à nos mémoires.

Après-guerre, en 1952, conséquence du baby-boom, la surpopulation scolaire touchait toutes les écoles de l’arrondissement et des baraques provisoires furent construites dans la cour de l’école pour y installer une nouvelle classe[34]. Quatre ans après, les conseillers municipaux du quartier demandaient au préfet de la Seine de « faire terminer au plus tôt la classe provisoire du préau, y compris l’installation d’un élément de chauffage central », de faire réparer les lavabos du préau déplacés par l’installation de la classe, les élèves ne disposant « que d’un seau pour se laver les mains ». Les conseillers demandaient enfin que l’on supprime l’ancien stand de tir au fond de la cour qui avait fini par servir de dépotoir[35].

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L’école de nos jours, avec son annexe construite dans les années soixante (photo Paris-Bise-Art)

Pour faire face à l’augmentation du nombre d’élèves, la préfecture de la Seine, en charge des questions des constructions scolaires, décidait en 1957 de lancer une étude pour la création dans l’école de six classes supplémentaires, allant au-delà des quatre initialement prévues. La suppression du stand de tir était comprise dans le projet[36]. Une première demande d’autorisation de construction d’ « un bâtiment de trois étages pour locaux scolaires » fut déposée en mai 1957 et en 1960, 600 400 nouveaux francs étaient consacrés dans le budget de 1961 à l’agrandissement de l’école[37]. Les choses avançant au même rythme qu’au début du siècle, une demande de permis de construire fut renouvelée en mars 1962 après qu’un refus eût été opposé à la première, les plans proposés n’ayant semble-t-il « pas été établis avec suffisamment de soin »[38]. Mise en adjudication des travaux et nouvelles demandes d’autorisation se succédèrent jusqu’en 1963, date de construction de l’extension moderne, dont on peut remarquer la triste banalité architecturale, sur une partie de la cour de récréation, à l’emplacement même où en 1844 avait été élevée la première école du passage Saint-Pierre.

 

_________________________________________

[1] D’après les bulletins météorologiques du Petit Parisien du 24 janvier 1924 et du Radical du 25 janvier1924.

[2] Compte rendu de l’inauguration du groupe scolaire de la rue Neuve-Saint-Pierre, Supplément au Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 13 février 1924.

[3] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 14 novembre 1905.

[4] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 5 avril 1906.

[5] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 5 avril 1906.

[6] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 12 juillet 1906.

[7] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 3 février 1907, délibérations du Conseil municipal du 31 décembre 1906.

[8] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 31 mars 1907, séance du Conseil municipal du 29 mars 1907.

[9] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 11 juin 1910.

[10] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 9 avril 1910.

[11] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 9 décembre 1910.

[12] D’après Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 9 décembre 1910 et Archives de Paris, D1P4 1055, Calepin des propriétés bâties Passage Saint-Pierre.

[13] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 31 décembre 1912, séance du Conseil municipal du 28 décembre 1912.

[14] L’Architecture, année 1924, vol. 38, n° 10, p. 103-108, consultable ici.

[15] Compte rendu de l’inauguration du groupe scolaire de la rue Neuve-Saint-Pierre, Supplément au Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 13 février 1924.

[16] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 2 juillet 1913.

[17] L’Architecture, op. cit., p. 103.

[18] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 3 juillet 1919.

[19] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 12 juillet 1919, séance du Conseil municipal du 11 juillet 1919.

[20] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 20 juillet 1921, séance du Conseil municipal du 15 juillet 1921.

[21] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 9 mars 1922, séance du Conseil municipal du 8 mars 1922.

[22] D’après Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 1er août 1923.

[23] L’Architecture, op. cit., p. 103. On peut remarquer encore aujourd’hui, il me semble, la différence de couleur des briques à ce niveau de la façade de l’école.

[24] L’Architecture, op. cit., p. 108.

[25] Compte rendu de l’inauguration…, op. cit., Discours de Georges Lalou, Président du Conseil municipal.

[26] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 21 novembre 1922.

[27] L’Architecture, op. cit , p. 107-108.

[28] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 5 janvier 1923.

[29] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 1er août et 5 septembre 1923.

[30] Compte rendu de l’inauguration…, op. cit., Discours de H. Juillard, Préfet de la Seine.

[31] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 25 mars 1926.

[32] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 18 janvier 1930.

[33] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 29 octobre et 16 décembre 1936. Dans sa réponse, l’administration indiquait un nombre de 325 élèves, soit une moyenne de 46 par classe.

[34] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 4 et 22 octobre 1952.

[35] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 1er juillet 1956.

[36] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 3-4 mars 1957.

[37] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 22-23 décembre 1960.

[38] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 3 mars 1962.

 

Auteur : Gaspard Landau

Sous le nom de Gaspard Landau, j'explore l'histoire de ce bout du Marais qui, sur les bords de Seine, s'est érigé sur les fondations de l'ancien hôtel Saint-Pol. A côté de cela, sous le nom d'Olivier Siffrin, je suis bibliothécaire à la Bibliothèque nationale de France.

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