Histoires d’immeuble… Le 23 rue Beautreillis, immeuble industriel (4)

L’immeuble dans l’entre-deux-guerre, alors qu’il est occupé par les établissements pharmaceutiques Goy. On notera que le dessinateur a augmenté la largeur de la façade en ajoutant deux fenêtres supplémentaires par étage aux six existantes . Façon sans doute de marquer la puissance de l’entreprise. (Catalogue des produits Goy. Bibliothèques d’Université de Paris. Bibliothèque numérique Medica)

Retiré des affaires en 1854, François Frémy avait confié la succession de sa fabrique de papier de verre de la rue Beautreillis à son gendre, Charlemagne Dumas. Il conservait néanmoins la propriété de l’immeuble, acquis en 1851, où depuis 1814 s’était développée l’entreprise fondée par son père. Pour que celle-ci poursuive son activité, il avait alors concédé à Dumas un bail de « 15 ans 3 mois » pour l’ensemble du bâtiment contre un loyer annuel de 4800 francs[1] . Mais, nous l’avons vu, le vieil hôtel du XVIIe siècle convenait de moins en moins à une production en augmentation qui se mécanisait et à un personnel sans doute de plus en plus nombreux. En 1860, les ateliers de la fabrique commencèrent à être transférés dans une nouvelle manufacture, à Ivry-sur-Seine, l’entreprise Frémy conservant rue Beautreillis son siège social, où étaient convoquées les assemblées générales de ses actionnaires, ainsi qu’un dépôt de vente[2].

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Histoires d’immeuble… Le 23 rue Beautreillis, immeuble industriel (3)

Déjà remarqués et récompensés d’une médaille de bronze par la Société d’encouragement pour l’industrie nationale trois ans auparavant[1], François Frémy et sa manufacture de fabrication de papier de verre reçurent une nouvelle marque d’attention en 1846. Loué la première fois pour ses procédés techniques novateurs et l’organisation du travail, le mode de production conservait néanmoins des caractéristiques proches de l’artisanat, chaque ouvrière accomplissant manuellement l’ensemble des étapes de fabrication. Aussi, quand Frémy présenta aux promoteurs du « renouveau industriel »[2] un « appareil mécanique » conçu pour effectuer les diverses opérations du processus de fabrication « des papiers et toiles verrés et émerisés », il eut une fois encore les honneurs de la Société et de son bulletin[3].

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Histoires d’immeuble… Le 23 rue Beautreillis, immeuble industriel (2)

Entre 1814 et 1830, à l’époque où Charles-Germain Frémy fabriquait du papier de verre dans son atelier d’artisan rue Beautreillis, les opérations faites manuellement consistaient, sommairement, à étaler du verre pilé plus ou moins fin « au moyen d’un tamis sur une feuille de papier fort sur laquelle on [avait] étendu une couche de colle claire », en veillant à répandre du verre « jusqu’à ce que toute la surface en soit bien couverte »[1]. Dans les années 1840 et 1850, l’atelier d’artisan, repris par François Frémy, l’entreprenant fils de Charles Germain, se mua en fabrique. Si le lieu restait encore rattaché par bien des aspects au monde et aux pratiques de l’artisanat, les marques d’une transformation industrielle apparurent rapidement avec la rationalisation du travail et des étapes de fabrication, l’utilisation de machines, la recherche d’une uniformisation de la qualité et d’une augmentation de la production.

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Histoires de quartier… La rue Neuve Saint-Pierre et l’ancien passage Saint-Pierre. 11 – La percée vers la rue Beautreillis (3e partie)

(Enseigne 21 rue Beautreillis , photo coll. Carnavalet, détail)

La photographie de la façade sur rue de l’ancien immeuble du 21 rue Beautreillis révèle, pour reprendre le jugement de Lucien Lambeau[1], une construction « sans caractère ». Mais en ce début du XXe siècle, la propriété est à l’image de beaucoup des maisons du quartier, portant les traces de leur « occupation industrielle, commerciale et artisanale » et de l’ « exploitation maximale de [leur] superficie disponible, [qui] engendra la surélévation des bâtiments, la modification de la distribution intérieure originelle, la disparition des décors intérieurs, l’utilisation des cours et jardins »[2].

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