Histoires d’immeuble… Le 17-19 rue Beautreillis – 5

Septembre 1902. Le vieil hôtel du 17-19 de la rue Beautreillis venait tout juste d’être démoli. Les fouilles archéologiques menées dans son ancien jardin par la Commission du Vieux Paris se terminaient à peine que les premiers travaux de construction de l’immeuble de rapport et de l’usine attenante furent lancés par le nouveau propriétaire de la parcelle, l’industriel Émile Mettetal[1].

Le fer, la pierre et la terre

Enrichi par le fer, c’est dans la pierre qu’Émile Mettetal assura une partie de sa fortune. Au cours des premières années du XXe siècle, l’industriel fit l’acquisition de terrains pour y faire construire des immeubles de rapport. Ainsi, en mai 1900, il demandait l’autorisation de bâtir un immeuble de 6 étages sur un terrain de 414 m² situé à l’angle de la rue Danton et de la rue Mignon, dans le 6e arrondissement[2], qu’il avait acquis par adjudication au prix de 331 200 francs[3]. En 1902, ce fut le tour de l’immeuble de la rue Beautreillis.

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Histoires d’immeuble… Le 17-19 rue Beautreillis – 4

L’aile gauche de l’hôtel, en cours de démolition en 1902 (BHVP – 4-EPT-0178).

La mort le 1er mai 1899 de son propriétaire[1], le vicomte de Flavigny, allait entraîner la disparition rapide de l’hôtel du 17-19 rue Beautreillis. Le vieil aristocrate avait jusque-là su préserver l’ancienne maison. Mais en un siècle, le quartier avait perdu son caractère résidentiel au profit des entreprises artisanales et industrielles qui, progressivement, prenaient possession des vieilles demeures. Certes, Flavigny avait concédé l’ouverture de boutiques sur la rue et quelques surélévations, mais les grands appartements de l’hôtel continuaient d’être occupés par des locataires aisés et l’intégrité du jardin de l’hôtel, l’un des derniers subsistant dans le quartier, avait été sauvegardée. 

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Histoires d’immeuble… Le 17-19 rue Beautreillis – 3.

Vue du jardin et de la façade arrière de l’hôtel peu avant les démolitions. Mais qui est donc ce vieil homme qui, assis sous les arbres, semble contempler ce qui bientôt va disparaître ? (Photo BHVP 4-EPN-00166).

Côté jardin.

Traversant le corps de bâtiment sur cour, un « long et large couloir […] qui n’[avait] pas moins de 14 mètres » conduisait vers le jardin du vieil hôtel des 17-19 rue Beautreillis alors sur le point d’être démoli[1]. Si le plan parcellaire de la première moitié du XIXe siècle révèle l’agencement de nombreuses pièces en rez-de-chaussée et la présence d’un puits, on y note pourtant aussi l’absence de ce couloir dont la sortie côté jardin est bien visible sur les photographies prises au début du XXe siècle.

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Histoires d’immeuble… Le 17-19 rue Beautreillis – 2.

Dans la cour de l’hôtel, partie de l’aile droite et de l’arrière du bâtiment sur rue (BHVP).

Louis-Philippe-Gustave de Flavigny Renonsard, fils du vicomte Louis-Ange de Flavigny Renonsard (1785-1867), un ancien capitaine de cuirassiers sous la Restauration, chevalier de Malte et de la légion d’honneur, et de Isidore-Marie-Félicité-Joseph Walsh de Serrant, était né à Paris en 1815[1]. Rentier vivant de ses biens, notamment à Mareuil-le-Port, dans la Marne, et en Picardie, il habitait rue Godot-de-Maurois, près de la Madeleine, et c’est là qu’il mourut en 1899[2].

Devenu propriétaire des hôtels réunis des 17 et 19 rue Beautreillis en 1868[3], le vicomte de Flavigny n’allait pas apporter de grandes transformations à son nouveau bien. La vieille maison resta jusqu’à la fin du siècle essentiellement un immeuble de rapport dont les vastes appartements occupés par des locataires aisés ne furent pas divisés en multiples logements destinés à une population ouvrière plus précaire. Même le jardin de la propriété, qui aurait pu disparaître avec la construction de nouveaux bâtiments et ateliers, à l’instar de ce qu’il advenait le plus souvent de ces terrains libres, fut respecté et sauvegardé. Le vicomte de Flavigny refusa même que le sol du jardin, qui occupait l’emplacement de l’ancien cimetière Saint-Paul, puisse être sondé par les curieux qui recherchaient la tombe du Masque de fer : « Laissons dormir les morts », disait-il[4].

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Histoires d’immeuble… Le 17-19 rue Beautreillis – 1

La façade sur rue de l’hôtel du 17-19 rue Beautreillis et son porche en 1902, peu avant sa démolition (Phot. BHVP).

L’immeuble qui nous occupe ici dénote parmi ceux qui composent la rue Beautreillis. Construit dans un style post-haussmannien avec ses balcons en encorbellement soutenus par des consoles à volute et ses linteaux ornés de guirlandes végétales, il se singularise de ses voisins, qu’ils soient hôtels du XVIIIe siècle, immeubles de rapport bâtis sous la Restauration, ou constructions plus tardives et  modernes aux sobres façades. La fin tragique dans ses murs du chanteur des Doors, Jim Morrison, en 1971, a par ailleurs conféré à cet immeuble une aura qui depuis perdure dans le monde entier et a transformé son pas de porte en étape obligée du parcours mémoriel que l’artiste disparu continue de susciter à Paris.

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